jeudi 5 avril 2012

Jour 77


Jour 77   Tempêtes et accalmies dans la réserve du Chitwan

Nous avons subi la tempête de sable dans le désert de Thar, la grêle, la pluie et la neige dans le trek de l'Annapurna et voilà t'y pas qu'hier ce fut l'orage en règle dans notre refuge de la jungle. L'humidité s'accumulait sous la chaleur torride des quarante-deux degrés Celsius qui nous accablait depuis plusieurs jours. Et le vent s'est levé vers la fin de l'après-midi, et plus encore au point où le proprio faisait ramasser tous les coussins des chaises et les nappes et les chaises mêmes. Le ciel s’assombrissait au point où il faisait presque noir à 17 h. Les éclairs et le tonnerre s'en donnaient à boum joie, et la grêle alouette et les trombes de pluies qui claquaient à nos fenêtres. Cela a duré toute la nuit.

Un splendide spectacle, moi qui adore les orages. Les touristes coincés dans la jungle l'ont trouvé moins drôle. Quel contraste cette nature furieuse avec celle qui prévalait lors de notre expédition en pirogue d’il y a deux jours. Elle aussi fut magnifique. Le soleil du petit matin, tout de rouge vêtu, perçait à peine la brume qui nous enveloppait. La rivière s'étirait devant nous tel un long ruban tantôt virant à droite, tantôt à gauche, tantôt de petits rapides, tantôt des eaux plus profondes. Le silence, si précieux ici, n'était perturbé que par les chants d'oiseaux et les échanges ornithologiques entre JC et notre guide. J'agissais comme interprète entre les deux, l'un prononçant à peine ses mots,
l'autre tout envoûté qu'il était dans son observation de la forêt ou de la savane, les jumelles bien collées aux yeux. Cela a duré près de trois heures continues, à part les quelques pauses pipi du guide.

Les paysages étaient surprenants. Ces immenses troncs d'arbres qui jonchaient les étendues de roches y avaient échoué à la dernière mousson. Le courant qu'il a fallu pour les y déposer donne une bonne idée de l'envergure du torrent. Ailleurs, un immense crocodile est bien installé sur la berge et pond son œuf. Tout près, un vieux couple surveille et attend le moment pour aller cueillir leur prochaine omelette.

Effarant! Notre glissade aquatique se poursuit au rythme du couvrant et des poussées de notre habile pagayeur.

Il m'est encore une fois difficile de décrire ce grand moment de paix. J'adore me promener sur l'eau, la sentir me glisser entre les doigts, humer son parfum de fraîcheur, me laisser bercer par le rythme de son courant, me faire ballotter dans ses courts rapides rocheux. Je suis dans mon élément. Une douce paresse coule dans mes veines. C'est un moment de bonheur.

C'est juré. Nous recommençons l'expérience. Pourquoi pas mettre deux boules sur mon cornet népalais; une délicieuse gourmandise non?

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