Jour 77 Tempêtes et accalmies dans la réserve du Chitwan
Nous avons subi la tempête de sable
dans le désert de Thar, la grêle, la pluie et la neige dans le trek de
l'Annapurna et voilà t'y pas qu'hier ce fut l'orage en règle dans notre refuge
de la jungle. L'humidité s'accumulait sous la chaleur torride des quarante-deux
degrés Celsius qui nous accablait depuis plusieurs jours. Et le vent s'est levé
vers la fin de l'après-midi, et plus encore au point où le proprio faisait ramasser
tous les coussins des chaises et les nappes et les chaises mêmes. Le ciel
s’assombrissait au point où il faisait presque noir à 17 h. Les éclairs et le
tonnerre s'en donnaient à boum joie, et la grêle alouette et les trombes de
pluies qui claquaient à nos fenêtres. Cela a duré toute la nuit.
Un splendide spectacle, moi qui
adore les orages. Les touristes coincés dans la jungle l'ont trouvé moins
drôle. Quel contraste cette nature furieuse avec celle qui prévalait lors de
notre expédition en pirogue d’il y a deux jours. Elle aussi fut magnifique. Le
soleil du petit matin, tout de rouge vêtu, perçait à peine la brume qui nous
enveloppait. La rivière s'étirait devant nous tel un long ruban tantôt virant à
droite, tantôt à gauche, tantôt de petits rapides, tantôt des eaux plus
profondes. Le silence, si précieux ici, n'était perturbé que par les chants
d'oiseaux et les échanges ornithologiques entre JC et notre guide. J'agissais
comme interprète entre les deux, l'un prononçant à peine ses mots,
l'autre tout envoûté qu'il était
dans son observation de la forêt ou de la savane, les jumelles bien collées aux
yeux. Cela a duré près de trois heures continues, à part les quelques pauses
pipi du guide.
Les paysages étaient surprenants.
Ces immenses troncs d'arbres qui jonchaient les étendues de roches y avaient
échoué à la dernière mousson. Le courant qu'il a fallu pour les y déposer donne
une bonne idée de l'envergure du torrent. Ailleurs, un immense crocodile est
bien installé sur la berge et pond son œuf. Tout près, un vieux couple
surveille et attend le moment pour aller cueillir leur prochaine omelette.
Effarant! Notre glissade aquatique
se poursuit au rythme du couvrant et des poussées de notre habile pagayeur.
Il m'est encore une fois difficile
de décrire ce grand moment de paix. J'adore me promener sur l'eau, la sentir me
glisser entre les doigts, humer son parfum de fraîcheur, me laisser bercer par
le rythme de son courant, me faire ballotter dans ses courts rapides rocheux.
Je suis dans mon élément. Une douce paresse coule dans mes veines. C'est un
moment de bonheur.
C'est juré. Nous recommençons
l'expérience. Pourquoi pas mettre deux boules sur mon cornet népalais; une
délicieuse gourmandise non?
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