vendredi 9 mars 2012

Jour 46


Jour 46                   Ohé du navire

Rédiger ce journal de voyage, mais pourquoi au juste...?
Pour moi d'abord et avant tout. Pour donner forme aux mille images, pour offrir un port d'attache à ces idées qui virevoltent dans ma tête, pour rassurer ma mémoire qui s'effiloche, que ce qui la bouscule ne glissera pas dans un oubli abyssal, pour le pur plaisir de jouer avec les mots, pour rattraper par le bout de la queue une impression fugitive.

Mais sous la forme actuelle d'un blogue, j'écris aussi pour dire, pour raconter aux curieux de savoir, pour traduire le battement de la vie d'ici, pour partager mes surprises et mes découvertes, pour me dire, sans tambour ni trompette.

Et c’est ainsi qu'à la suite de chaque publication, j'attends. Un peu déçue sans doute, je réalise que je soliloque ou presque. Mes mots ne rebondissent pas souvent. Ils se perdent quelque part dans l'espace sidéral. Peut-être s'accrochent-ils à une poussière d'étoile, peut-être se pulvérisent-ils comme un pet de chameau, peut-être sont-ils aspirés par une tempête de sable?

Mais lorsqu’ils rebondissent, alors là, c'est la joie. Il est tellement plus agréable de jouer à deux, ou à douze, ou à soixante-quatre. Cela revient à la question fort intéressante du rapport qu'entretient le lecteur avec l'objet et/ou avec l'auteur.

Mais encore, vais-je écrire à Milan K pour lui dire que j’ai trouvé dans une librairie d'Udaipur son La vie est ailleurs. Que cette petite merveille m'a accompagnée dans le désert du Thar et qu'il ajoute encore plus d'élan à mon admiration de sa plume et de son génie? Lui dirai-je que je l'ai cherché, lui et son insoutenable légèreté dans les rues de Prague? Lui enverrai-je dans un paquet bien ficelé, une vingtaine de récepteurs d'appareils téléphoniques subtilisés dans les endroits publics? Et pourtant...

Mais qui sait... peut-être que M, que je connais et qui connaît quelqu'un qui connaît Milan K, lui transmettra ce scribouillage et que, séduit par tant d'admiration, il me répondra... Jouissive attente s'il en est une, exactement comme je les aime!

En fait de résilience du fantasme, c'est assez bien réussi n'est-ce pas? Un mot de Milan K remplace à merveille le fantasme du safari à dos de chameaux entre des dunes blondes. Mais en attendant... pas de gêne. J'aime vous écrire.

2 commentaires:

  1. Marie, je te découvre tout en découvrant l'Inde au fil de tes récits. Je viens seulement de me brancher sur votre blog grâce à Denis et Anne qui m'ont fourni votre adresse. Cela m'a fait passer une très bonne soirée, sous la chaleur du Costa Rica. Salutations à vous deux.

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  2. ouais bon, j'ai compris. Je te lis régulièrement Marie, je n'en manque pas une et tu le sais bien. Tes écrits me font rêver à chaque fois. Mais les photos par contre !! oh la la !!! Je voyage moi aussi et c'est grâce à vous.... a+

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