Jour 46
Ohé du navire
Rédiger ce journal de voyage, mais pourquoi au
juste...?
Pour moi d'abord et avant tout. Pour donner forme
aux mille images, pour offrir un port d'attache à ces idées qui virevoltent
dans ma tête, pour rassurer ma mémoire qui s'effiloche, que ce qui la bouscule
ne glissera pas dans un oubli abyssal, pour le pur plaisir de jouer avec les
mots, pour rattraper par le bout de la queue une impression fugitive.
Mais sous la forme actuelle d'un blogue, j'écris
aussi pour dire, pour raconter aux curieux de savoir, pour traduire le
battement de la vie d'ici, pour partager mes surprises et mes découvertes, pour
me dire, sans tambour ni trompette.
Et c’est ainsi qu'à la suite de chaque publication,
j'attends. Un peu déçue sans doute, je réalise que je soliloque ou presque. Mes
mots ne rebondissent pas souvent. Ils se perdent quelque part dans l'espace
sidéral. Peut-être s'accrochent-ils à une poussière d'étoile, peut-être se
pulvérisent-ils comme un pet de chameau, peut-être sont-ils aspirés par une
tempête de sable?
Mais lorsqu’ils rebondissent, alors là, c'est la
joie. Il est tellement plus agréable de jouer à deux, ou à douze, ou à
soixante-quatre. Cela revient à la question fort intéressante du rapport
qu'entretient le lecteur avec l'objet et/ou avec l'auteur.
Mais encore, vais-je écrire à Milan K pour lui dire
que j’ai trouvé dans une librairie d'Udaipur son La vie est ailleurs. Que cette petite merveille m'a
accompagnée dans le désert du Thar et qu'il ajoute encore plus d'élan à mon
admiration de sa plume et de son génie? Lui dirai-je que je l'ai cherché, lui
et son insoutenable légèreté dans les rues de Prague? Lui enverrai-je dans un
paquet bien ficelé, une vingtaine de récepteurs d'appareils téléphoniques
subtilisés dans les endroits publics? Et pourtant...
Mais qui sait... peut-être que M, que je connais et
qui connaît quelqu'un qui connaît Milan K, lui transmettra ce scribouillage et
que, séduit par tant d'admiration, il me répondra... Jouissive attente s'il en
est une, exactement comme je les aime!
En fait de résilience du fantasme, c'est assez bien
réussi n'est-ce pas? Un mot de Milan K remplace à merveille le fantasme du
safari à dos de chameaux entre des dunes blondes. Mais en attendant... pas de
gêne. J'aime vous écrire.
Marie, je te découvre tout en découvrant l'Inde au fil de tes récits. Je viens seulement de me brancher sur votre blog grâce à Denis et Anne qui m'ont fourni votre adresse. Cela m'a fait passer une très bonne soirée, sous la chaleur du Costa Rica. Salutations à vous deux.
RépondreSupprimerouais bon, j'ai compris. Je te lis régulièrement Marie, je n'en manque pas une et tu le sais bien. Tes écrits me font rêver à chaque fois. Mais les photos par contre !! oh la la !!! Je voyage moi aussi et c'est grâce à vous.... a+
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