Comme pour beaucoup, la passion de l'Himalaya s'est révélée avec Tintin au Tibet. Une randonnée sur les sentiers de l'Annapurna est donc un fantasme que nous avons décidé d'assouvir. Le tout s'est arrangé avec l'International Guest House où nous avons dormi à Katmandou, à bon prix, selon Bishnu, un ami de S. avec qui nous avons passé deux jours dans la capitale népalaise.
Nous partons pour Pokhara tôt le matin, sept heures d'autobus pour franchir 250 kilomètres. Le lendemainmain, 90 minutes d'auto nous amènent à Nayapul (1 070 mètres d'altitude), point de départ du trek. Dal, notre guide/porteur veillera sur nous tout au long du trajet. Se passe ainsi une première journée de marche sans problème, en bonne partie sur une route empruntée par quelques tracteurs. Bientôt le sentier devient LE sentier: pavé de pierres plates et d'escaliers relativements réguliers, il grimpe dans la montagne sur des centaines de kilomètres. Les pierres que nous foulons l'ont été depuis plusieurs siècles par les voyageurs entre l'Inde et le Tibet, les moines bouddhistes en pélerinage et les fous de la marche. En cinq heures nous atteignons Thikke Dhunya, 600 mètres plus haut, où un lodge nous attend. Il faut vivre à la dure maintenant. Finies les belles chambres d'hôtel à la salle de bain immaculée et aux lits douillets. Les chambres sont petites et spartiates, les douches et toilettes sont communes avec parfois de l'eau chaude, les couchettes acceptables. Dans les trente minutes suivant notre arrivée, un sérieux orage éclate. Le froid paraît plus froid, l'humidité plus humide.
Dal est plus que notre guide/porteur, il est celui qui fait l'intermédiaire entre nous et le "guest house", il prend notre commande aux repas et se mue en serveur. C'est lui qui nous présentera notre facture le matin, avant de repartir. Il est totalement dévoué à notre service. Les menus seront les mêmes tout au long du trajet, d'un lodge à l'autre, d'un restaurant à l'autre.
Nous sommes levés à 7h00 et prêts à partir 45 minutes plus tard. Dal nous a prévenu la veille, il s'agit de la plus dure journée du trek: au moins sept heures de marche pour gravir 1 300 mètres jusqu'à la prochaine nuit. Il a raison. Ça monte, et raide à part de ça. Près de 4 000 marches de pierre nous attendent et l'altitude augmentant, l'effort aussi. Marie marche à son rythme, plus lentement. Je devance puis j'attends et repars puis attends. La pause du dîner est bienvenue. 1h30 à récupérer avant de se remettre en route. Arrive la forêt, la pente est moins raide, mais ça monte toujours. De moins en moins de randonneurs nous dépassent, ils arriveront avant nous à Ghorepani (2 860 mètres), menés par un rythme plus cadencé. Des caravanes d'ânes ont été croisées toute la journée, allant livrer les marchandises dont dépendent les restaurants et lodges. Par moments, le sentier sent le fumier, attention de ne pas y mettre les pieds.
Après le dîner, Marie était déjà très fatiguée. Je vois dans ses yeux son désarroi mais elle tient le coup: elle n'a pas le choix, il faut avancer. Heureusement la pente est moins raide et l'air plus frais. La dernière heure est une torture. On en oublie de regarder le paysage grandiose qui s'étale devant, en bas, en haut.
Enfin nous arrivons, 7h30 après notre départ. Une première victoire! Je suis fatigué, Marie est exténuée. Vite des vêtements secs. Nous pendons les mouillés au dessus du poêle à bois/fournaise fait d'un tonneau de métal. Un groupe d'Allemands est déjà installé autour. Comme par magie, deux places se libèrent: les chocolats chauds son exquis.
Directement devant nous se dressent les montagnes de l'Annapurna, sorties directement d'une carte postale gigantesque ou d'un casse-tête aux milliards de morceaux. Vertigineux!
Onze heures de sommeil répareront en bonne partie de la fatigue de la veille. Nous décidons de rester ici une journée de plus, histoire de bien refaire le plein et de reposer le genoux de Marie. Après tout, nous sommes en vacances et nous avons du temps devant nous. Quelle bonne idée car toute la journée sont tombés pluie, grêle et neige!
Nous repartirons demain.
jcsh
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