dimanche 26 février 2012

Toujours plus de clichés !

Jour 32 :






jour 33





jour 37









Jaipur





Jour 37


Jour 37                    Udaipur la belle

Qu'est-ce donc qui la rend si séduisante. Elle porte en elle un pouvoir subtil qui me procure un sentiment de bonheur. Ici, je suis heureuse. Ici je me sens bien.

Est-ce ce grand lac Pichola qui frissonne à mes pieds? Notre petit guest house est planté sur la rive ouest, face à la vieille ville. Comme avec un grand nombre de cours d'eau, les femmes y font leur lavage, les hommes leurs ablutions. Deux Indiens passent leur journée à draguer son fond pour y cueillir de longues et fines algues qui l'assiègent. Un petit pont piétonnier relie les deux rives. Un tourniquet à chaque extrémité barre la route aux rickshaws, mais en gardant aux vaches leurs privilèges habituels. Un sculpteur de pierre à savon et un mendiant unijambiste qui nous promet un bon karma s'y sont installés en permanence. Le soleil vient tout juste de se pointer l'oeil au-dessus du grand palais et sa lumière s'étire jusqu'à ma couche. JC tente de dormir encore un peu. Le battement régulier d'une lavandière rythme le matin qui s'installe, vainqueur.

Définir la séduction lorsqu'on en est l'objet n'est pas chose facile et cela dépend du genre de séduction, j'en conviens. La séduction amoureuse m'est bien connue.

Mon pouls qui s'énerve, mes jambes qui ramollissent, ma tête qui s'égare, mon regard qui cherche ses repères, l'obsession qui s’installe, l'attente qui torture et, finalement, la fusion tant du corps que du coeur qui soude pour l'éternité d'un moment, mon âme jadis errante avec sa sœur qui l'était tout autant.

La séduction d'une ville est plus douce, plus subtile, mais tout aussi certaine. Elle s'installe au creux de mon ventre et y dépose un sentiment de détente. Ma respiration se fait plus lente, plus profonde. Mon regard devient curieux et capte et savoure mille découvertes. Il se fixe sur les couleurs, les personnes, les objets et s'y repose. Rien ne presse. Le temps prend ses aises et refuse la bousculade.

Les bruits, les murmures, les chants, les palabres et les roucoulements des pigeons émergent de la cacophonie ambiante et réclament leur droit de cité. J'aime et je savoure. Je découvre avec fascination le marionnettiste et sa collection fabuleuse, le musée du Grand Palais et ses salles richissimes, les feux d'artifice qui taquinent les étoiles, la nuit qui s'installe.

Mais tout cela était hier. Ce matin, la douche m'attend, le petit-déjeuner aussi et la découverte de tant de merveilles encore. J'y accours, mais doucement bien sûr.

Jour 33


Jour 33                Agoraphobes s'abstenir

Qu'elle aventure que cette visite au temple du Dargah dans la ville d'Ajmer. Un crescendo de foule musulmane où se compactent femmes, hommes, enfants, tous transportés par une intensité religieuse sans pareille. Quand je dis «compactent», je veux dire tassé, écrasé, comme une boîte de sardines avec à l'intérieur, le triple des sardines habituelles. Tous sont mus par une force qui doit se nommer la foi.

L'objet de ce culte est celui du tombeau d'un saint soufi, Khwaja Muin-ud-Din Chishti, mort en 1 233. Il est placé au centre du sanctuaire autour duquel avance à très petit pas ce chapelet de dévots généreux de ses fleurs et de ses roupies. De cette foule compacte, deux grandes têtes blanches dépassent de plusieurs centimètres…

Il faut rester calme et se dire que ce n'est pas aujourd’hui que la panique va bousculer cette foule, ce n'est pas aujourd'hui qu'un illuminé va se sacrifier pour Allah, qu'un politique va s'insurger de la présence de ces deux chrétiens curieux. Après tout, nous sommes en Inde, pas au Pakistan. Dans plusieurs états l'harmonie religieuse entre musulmans, hindous et chrétiens en est la carte de visite.

C'est bien ce que je me répète comme un mantra, durant les minutes que dure cette procession. Je n'ai pas eu peur, enfin pas vraiment. Mais je me suis sentie minorité très visible. Ce que je ressentais surtout c'est l'impuissance face à cette foule soudée dans sa passion religieuse. Pas de sourires, que des visages sérieux et concentrés sur leur rituel pieux. Tout s'est très bien passé. Le danger n'était que dans ma tête de blanche chrétienne. Cela se nomme immersion.

Jour 32


Jour 32                    Percer l'énigme

Elles sont multicolores. J'ai tenté l'autre matin de faire l'inventaire des couleurs qui déambulent devant moi. La variété est infinie, les combinaisons tout autant. Des cotons, des soies, des voiles, des broderies, des appliqués, le décompte est impossible à faire. Se vêtir avec autant d'élégance veut dire quelque chose de la femme indienne. Elles sont belles et inépuisables. En déambulant dans les bazars publics de la ville rose qu'est Jaipur, nous sommes arrivés à la rue des tissus. De longues boutiques étroites avec, d'un côté, des matelas par terre où le vendeur assis y déroule des mètres et des mètres de son inventaire. Assises en face, sur des petits bancs ou à même le sol, les femmes. La folie des coloris et des textures de cet espace restreint est hallucinante. Elle est là dans toute sa puissance.

Oui, oui, je sais. L'avortement sélectif est encore de rigueur. Le résultat était prévisible, l'Inde n'a maintenant pas suffisamment de filles pour marier ses hommes.

Elles vont leur chemin. Seules ou en groupes, elles occupent l'espace de la cité. Elles sont partout. Elles déambulent, elles conduisent leur moto, elles font leurs emplettes, elles balayent la devanture de leur commerce ou de celui d'un autre, elles sont vendeuses ou plieuses dans les boutiques de tissus, elles fabriquent les galettes de ce pain mince que l'on nous sert dans les restos, elles sont militaires, elles se scolarisent, elles sont marchandes, artisanes, mendiantes, travailleuses aux champs. Elles nous regardent et elles rient.

Oui, oui, je sais. Officiellement, les castes sont maintenant abolies. Enfin, c'est ce que la loi dicte. Mais on est encore loin de la lettre aux faits. À Kochi, nous avons visité un lavoir... où travaillaient exclusivement des «intouchables».
Une seule journée de congé par année, de l'aube au coucher du soleil, ils lessivent et blanchissent et repassent, entre autres, toute la literie des hôtels de la ville.

Les Indiennes sont souvent accompagnées de leur mari. Celui-ci s'occupe souvent des enfants. Il les porte dans ses bras, s'amuse avec eux. Ce partage public des soins aux enfants semble aller de soi. Les familles que je croise dans les lieux touristiques semblent harmonieuses. Celles dans les hôtels, encore plus. Les épouses semblent jeunes, plusieurs éduquées et, ma foi, heureuses. Elles rient et discutent avec leur homme, tout comme on fait chez nous.

Oui, oui, je sais. Les mariages sont organisés par le père. Une loi vient d'être promulguée qui limite le montant permis de la dot. Les crimes d'honneur sont encore chose courante. Tous les jours dans le journal, on constate des cas d'assassinats de femmes et d'enfants par leur mari dépressif ou jaloux ou chômeur ou alcoolique. Cela se passe aussi chez nous, mais la fréquence n'a rien de comparable. On les retrouve souvent en groupe, exclusivement entre elles. Alors là, croyez-moi, c'est la fête. Elles rigolent, se taquinent, se tiraillent, se moquent des touristes. Comme elles sont minuscules, imaginez que je ne passe pas inaperçue... Les ricanements fusent allègrement. Même contenues, encadrées, limitées par une tradition omniprésente, elles y évoluent avec ce qui semble un certain confort. Les grands questionnements existentiels ne semblent pas être leur tasse de thé.

Alors voilà. Je regarde, j'observe, j'écoute. Bien sûr, je sais qu'il m'est impossible de percer l'énigme. Je regarde les rouges, les violets, les jaunes, les bruns, les bleus, les verts, les orangers, les mauves, les lilas, les magentas, les cramoisis, les bourgognes, les roses, les turquoises, les ultramarines, les pourpres, les cardinals, les ocres, les beiges, les whiskys, les aquas, les émeraudes, les grenats, les vermillons, les argents, les dorés, les gris, les ardoises, les noirs, les jais, les baies, les limes, les siennes, les ivoires, les blancs et les pêches danser devant moi et je me dis qu'il y a, sans doute, autant de façons différentes d'interpréter cette culture inextricablement complexe.

Leçons indiennes (suite)

Leçon #7
Au resto, lorsque vous repérez un item connu, genre "Fish and chips" ou encore "rouleaux du printemps" ou "club sandwich", évitez de vous bercer d'illusions. Ce que l'on vous servira n'a rien à voir avec notre version américaine de la chose. Le Fish and chip consiste en une galette de poisson très très mince, panée trop longtemps, accompagnée de 5 ou 6 frites anémiques. Les rouleaux du printemps sont un rouleau géant et frit contenant une portion énorme de légumes hachés, accompagnés ou non de poulet. Un vrai repas en soi. Le club sandwich est relativement semblable quoi que le pain utilisé est très mince. Et en prime, on dépose dessus...un œuf frit. Le tout est accompagné de 5, 6 frites.

Leçon #8
Il est d'usage en Inde de profiter des couturiers de la rue pour se faire fabriquer des pantalons ou des blouses ou des chemises. Ils sont extrêmement efficaces et en quelques heures, vous aurez sur le dos un très joli ensemble. Le coût depend surtout de votre capacité de négocier. Vous pouvez choisir le tissu chez l'artisan où encore arriver avec un tissu acheté ailleurs. La première option est bien sûr à privilégier. Ces tissus en coton sont de différents coloris, tous très attirants. J'en ai choisi un vert lime très foncé et autre rose fuchsia. Depuis, je me retrouve maintenant avec des bobettes vert lime délavé et rose fuchsia pâlot. Vous avez deviné? Les couleurs ne sont pas fixées. Il ne vous reste qu'a trouver quelque part, un bon gros sac de sel et de faire le nécessaire. J'en cherche toujours tandis que mes bobettes ressemblent de plus en plus à des arc-en-ciels.

Lecon #9
Nos promenades en rickshaw nous ont inspiré cette leçon. Désormais nous ne parlerons plus de "cowboys" en commentant la conduite d'automobilistes exaltés mais bien "d'indiens". Peut-être pourrez-vous vous imaginer un rickshaw zigzagant et claxonnant derrière cinq ânes portant des sacs remplis de sable, rencontrant en même temps dans la ruelle de cinq mètres de large trois autres rickshaws et sept ou huit motos et scooters, sans oublier une douzaine de personnes tendant de s'en sortir saines et sauves, ce qui est toujours le cas. Il faut le voir pour le croire ( se référer aux leçons #2,3 et 5 pour mieux comprendre)

Lecon #10
Ici à Pushkar, plus précisément au Brahma Ghat, la spiritualité se monnaye. Il faut donc ouvrir les yeux...et le porte monnaie. Autour d'un grand lac sacré, plusieurs Ghat y donnent accès. Accueillis par un prêtre Brahma, nous avons été mis au fait de l'oecuménisme du lieu et invités à un rituel de purification. Chacun avec notre prêtre, nous avons répété après lui un chapelet de vœux et de prières, et voilà t'y pas qu'on est arrivé aux choses sérieuses, le don qu'il "fallait" faire tant à la communauté Brahma, qu'à l'officiant. JC a été coincé pour 3,000 roupies (60$), et moi, pour 1,000 roupies (20$)! La veille, lors de notre visite à la sainte mosquée de Ajmer, un "comptable religieux" mous à soutiré 500 roupies. Dans les deux cas nous avons eu en échange des reçus officiels en plus de la bénédiction des lieux respectifs. Avions nous le choix? C'est bien la question que l'on s'est posée. Ici cette somme est énorme et, croyez moi, ils en voulaient plus encore. Morale... Ne craigniez ni les voleurs ni le pickpockets mais bien les pharisiens du temple.

Leçon #10
Dans la vie quotidienne, avoir de de l'argent sur soi est important, c'est normal. Comme en Inde un billet de 10 roupies vaut 20 cents de notre dollar, imaginez une pièce de 1 roupie. Une course en rickshaw de deux kilomètres coûte environ 1$, soit 50 roupies. Il est donc TRÈS important d'avoir sur soi de la petite monnaie, comme des billets de 10 et de 20 roupies, de même que des pièces de 1, 2 et 5 roupies. Combien de fois avons-nous cherché de la monnaie parce que le marchand ou le chauffeur de tuk-tuk n'avait pas le change pour un billet de 100 ou de 500 roupies. Mieux, il arrive parfois qu'après avoir acheté une bouteille d'eau, le vendeur nous rembourse avec quelques bonbons ou quelques chocolat parce qu'il n'a pas lui-même de monnaie.

mardi 21 février 2012

Rose Jaipur

Bien sûr, quitter le Kérala et le sud de l'Inde nous a fait un petit pincement, mais notre arrivée à Jaipur, capitale de 2,5 millions d'habitants du Rajasthan, à été comme une caresse. Les quelques heures d'avion nous ont laissés un peu fatigués dans cette ville énorme, bruyante et franchement polluée. Mais à notre arrivée à l'hôtel, nous avons été vite séduits. Typique de l'architecture rajput avec ses trois étages, la couleur beige rosé, les balcons qui décrochent du bâtiment, les crénaux en pointe, les petites tours, les planchers de granit noir et blanc, les murs peints de motifs floraux, les arcs des portes et des fenenêtres avec plein de petites courbes et se terminant en pointe, les verres colorés et le climat feutré, bref, une belle influence musulmane. De plus, la décoration des chambres et des corridors est superbe avec des dizaines de photos de chasse au tigre et de maharajas et des meubles et objets antiques. Dans notre chambre, sur une petite table ornée de céramiques fleuries, il y a un gramophone à cornet qui doit bien faire ses cent ans. Le tout pour 40$ par jour. Le restaurant, sur le toit, est l'un des meilleurs rencontrés jusqu'ici. Tous les soirs un musicien de tablas s'exécute et un montreur anime ses marionnettes à fil traditionnelles.

La ville à été fondée de 1727 par le maharaja Jai Singh II, un visionnaire, urbaniste (c'est lui qui a dessiné les plans de la ville) et astronome (il faut voir le musée en plein air grand comme deux terrains de football où sont exposées ses "machines" pour mesurer le temps, les étoiles, le passage des planètes et j'en passe). On peut y voir le la plus grosse horloge solaire au monde dont le faîte s'élève à 27 mètres. Elle donne l'heure à deux secondes près! Impressionnant! Le coup d'oeil général pourrait nous faire penser à un jardin de sculptures minimalistes.

La vieille ville, ceinturée d'une muraille compte plusieurs portes et s'étend sur quelques kilomètres carrés. C'est rempli de boulevards, de rues et de ruelles surchargées d'échoppes et d'ateliers d'artisans. On a conservé la concentration des métiers par zones dans la ville: ainsi se suivent les sculpteurs sur marbre, les tisserands, les ferblantiers, les joailliers, etc. Les différents bazars se suivent et présentent en cascades des milliers d'échoppes qui débordent de toutes sortes de produits qui vont des épices multicolores aux non moins multicolores saris, en passant par souliers, les ustensiles de cuisine et les bijoux.


La visite du palais de la ville (city palace) nous a captivée pendant deux belles heures hier, juste avant la visite de ces appareils astronomiques des plus étonnants, ingénieux et des plus scientifiques. Nous avons ainsi déambulé dans la vieille ville pendant près de deux heures, à travers ce capharnaüm de boutiques et de ruelles, frayant notre chemin entre les tuk-tuks à moteur et à pédales, les voitures et les camions, la foule TRÈS dense et les vaches qui errent doucement sur les trottoirs et la chaussée. Je pense qu'on commence à vraiment aimer cela, ce pays.

Aujourd'hui, nous nous sommes rendus, à dix kilomètres au nord, dans l'ancienne capitale, aujourd'hui devenue presque un village, soit Amber, construite en 1592, où se dresse sur la montagne un énorme palais et une citadelle/forteresse saisissants. Nous y avons croisé des éléphants qui portent sur leur dos des touristes trop paresseux pour faire la montée à pied, comme tout le monde, et des dromadaires, un peu avant d'arriver sur les lieux. Le déplacement en vaut la peine, ne serait-ce que pour le coup d'oeil du haut de cette montagne. L'état du bâtiment royal est de très belle condition, même si le palais à été abandonné par le fondateur de Jaipur au début du XVIIIe siècle, moment où la cour et la ville a déménagé dans la nouvelle ville de Jaipur. Il faut ici noter que nous sommes devenus des fans des audio-guides qui nous permettent de visiter les lieux en français et avec une excellente qualité descriptive.

Au retour, notre conducteur de rickshaw (tuk-tuk) nous a arrêtés à une fabrique de tapis et de tissus. Nous nous sommes laissés tenter par notre nappe traditionnelle. C'est en effet devenu une tradition avec Marie: nous nous achetons une nappe dans les pays que nous visitons.

Notre excursion au Rajasthan a bien débuté et le sud de l'Inde pourra s'estomper avec plus d'harmonie de cette façon. La prochaine étape est à 100 kilomètres et s'appelle Ajmer.

JCSH

mercredi 15 février 2012

Jour 26


Jour 26                Paresse doucereuse

Perchée sur le haut de l'escarpement rocheux d'environ sept mètres, première arrivée, je suis installée à une table donnant sur la mer et j'observe les barques des pêcheurs déjà à l'œuvre. Elles sont sept à faire la navette, à s'échanger du gréement et des passagers. Elles s'entrecroisent, se regroupent et repartent direction nord. Les filets orange sont maintenant installés. La suite est comme un documentaire silencieux. Le grand cercle du filet qui est déposé à la mer, les jeunes qui sautent à l'eau pour faire dieu sait quoi, la petite barque qui se tient en périphérie, la grande avec dix-sept pêcheurs, qui laissent glisser les mailles affamées, les aigles marins, une vingtaine qui délirent sur le festin offert, le filet qui est ramené doucement, les centaines de petits poissons argentés qui seront ultimement déversés dans la petite embarcation. Et le manège qui reprend, encore et encore. Les corneilles aussi admirent. La marée est toujours haute ce matin et camoufle la plage tout en bas.

Il est 7 h, le fond de l'air est doux. Une petite brise, toute frêle caresse mon bras. La lumière s'installe rapidement. Le gris bleu de l'horizon se dépose sur le bleu-vert de la mer. La puissance de l'infini règne dans toute son immensité. À
la terrasse de l'hôtel voisin, six femmes et leur maître circulent en cercle en s'agenouillant presque à chaque pas.

Les voilà maintenant qui marchent mais avec les mains déposées au sol, les fesses en l'air. Et maintenant, c'est au tour du rituel du salut au soleil. Pas facile le yoga! G. serait folle de joie ici.

Enfin les vacances! Nous avons déposé nos pénates à ce charmant hôtel de Varkaka, le Krishnatheeram. Le luxe total. Quatre jours de repos complet. Ne rien faire d'autre que de lire, se bercer dans nos hamacs, marcher un peu, écrire, et surtout regarder la mer. Reprendre notre souffle avant notre prochain départ le dix-neuf pour l'Inde du Nord. Un autre pays disent les voyageurs, une autre Inde très différente de celle-ci. Quelle délicieuse pause. La fébrilité de la découverte est ici suspendue, presque. La marée baisse rapidement. Maintenant, les vagues qui roulent vers moi laissent un tapis d'écume blanche devant elles. Je reste suspendue à l'air du matin, je n'ai rien d'autre à dire. Mon cerveau est en vacances. Il s'est enfui avec sa muse.

Mais hier... ça alors, comme le dit si souvent le copain P. croyez-le ou pas, j'ai été avalée par la magie hallucinante d'Emma Donoghue et son livre "Room". Je vous le dis, je vous le jure, je n'ai de ma vie jamais lu aussi vite les soixante pages du milieu. Mon cœur battait la chamade, je fermais le livre pour respirer un peu, du vrai délire. En compétition pour le Man Booker Prize 2010, le récit et son rythme et ses questionnements et son suspense sont envoûtants. J'ignore s'il a été traduit mais l'anglais y est facile. Les mots deviennent des créations libres. «Scared» et «brave» deviennent «scave», l'écran de la télévision devient la caverne de Platon... Je vous le laisse découvrir. Attachez vos tuques! Mon seul regret est bien que ce rythme ne soit pas maintenu jusqu'à la fin. La vraie vie prend le dessus, mais l'intérêt subsiste. Ouf! je l'ai terminé hier et il me trotte encore entre les neurones.

Je vous laisse donc, le soleil est au poste, il est déjà 10 h30. Bonne nuit, don't let the bed bugs bite.

Kerala

Nous sommes enfin arrivés au Kerala. De Ooty à Kochi, trois voyages de train se sont imposés: le train miniature, la distance entre Mettupalayan et Coimbatore, dodo en face de la gare au Legends Inn, et puis de là jusqu'à Kochin, notre premier arrêt dans cette nouvelle province qui longe la mer Arabique et donne accès aux fameux "back waters". Mais d'abord le train miniature.

Ce train et le trajet est classé patrimoine mondial, et pour cause. En service depuis le milieu du XIXe siècle pour permettre le transport du thé, il franchit sur trente kilomètres une dénivellation de 2 100 mètres en 3h30! Petit train avec locomotive antique qui carbure au diesel, avec des banquettes qui en font toute la largeur, 6 places en deuxième classe, quatre en première. Celle-ci est fortement recommandée vue notre stature d'occidentaux. La moitié du trajet se fait lentement, dû au fait qu'une roue centrale dentelée amovible descend de la locomotive pour épouser un rail central aussi dentelé afin de permettre la locomotion sécuritaire en pareille dénivellation. Quels coup d'oeil dans ces escarpements vertigineux. En face de nous sur la banquette, une française d'origine malgache se laisse admirer: quel coup d'oeil vertigineux. Les autres trains étaient toutefois moins spectaculaires. Par contre, nous avons trouvé le truc pour les voyages en train standards: prendre des voitures "sleeper", plus confortables et surtout moins tassées.

Notre arrivée à Kochi se fait en début d'après-midi. Le Delight Home Stay est impeccable, air climatisé rafraîchissant une chambre immense. La ville est nettement plus touristique que tout ce que nous avons rencontré jusqu'ici. Restos et boutiques se succèdent allègrement dans Fort Cochin, ville/quartier historique où nous créchons. Visites de quelques palais pas aussi somptueux que celui de Mysore, mais enfin...

L'activité la plus intéressante restera le spectacle de Kathakali, une version théâtrale traditionnelle, datant du XVIIe siècle où se joue l'histoire mythologique des dieux hindous, Krishna, Rama et compagnie. La pièce complète dure toute la nuit, mais ici on en fait quelques extraits qui prendront 90 minutes. Le maquillage des acteurs, essentiellement masculins, est très important et se fait sur scène pendant au moins 90 minutes avant la représentation. Et quels maquillages! En plus de la peinture rouge, jaune, vert, bleu et blanc, des "postiches" en papier blanc sont collés sur les visages de trois des acteurs, symbolisant pour l'un une barbe et pour les autres une sorte de bajoues prohéminentes. Trois musiciens accompagnent les acteurs directement sur scène, deux tambours et joueur de petites symbales/chanteur. Les acteurs restent muets, à part quelques cris. Tout se passe par l'expression du visage et la gestuelle, le tout rehaussé par des costumes très amples et colorés, chacun des personnages portant une grande jupe et des coiffures saisissantes, s'apparentant aux couronnes que portent les dieux dans la plupart des sculptures traditionnelles. Bataille, scène de séduction et célébration de la victoire composent le menu dramatique.

Trois jours plus tard, le trajet jusqu'à Alleppey s'est fait en taxi et nous sommes descendus au Sona Héritage Home, une superbe maison traditionnelle juste un peu en dehors de la petite ville tonitruante. Le maître des lieux, Mister Joseph, à la parole facile et est d'une expressivité qui tient presque du Kathakali. La deuxième journée fut très bien remplie avec une croisière dans les "back waters" et un massage ayurveda. Les "back waters" sont un réseau de canaux et de lacs qui cumulent 900 kilomètres (!) de voies navigables, s'étendant sur une centaine de kilomètres en parallèle à la côté. Quatre heures durant nous avons sillonné ces canaux, observant les centaines de gens qui vivent de chaque côté ou sur les innombrables îles qui parsèment le trajet. Écoles, hôpital, dépanneurs, temples sont présents: les grands absents sont les autos, les camions et les routes. Tout se fait en bateau, le transport en commun, le transport des marchandises ainsi que les bateaux et canoës privés. La plupart des habitants de ces lieux humides vivent de la culture du riz, étendues vertes presque à perte de vue le long de certains canaux.

L'activité économique de la région est grandement supportée par le tourisme. Juste à Alleppey, on compte environ 1 000 "house boats" qui permettent aux locataires de s'évader sur l'eau entre une et sept journées. Certains peuvent accueillir deux personnes, d'autres une vingtaine. Ces bateaux sont de tous formats, certains énormes, à deux étages, d'autres nettement plus réduits. Tous ont une cuisine et une salle à dîner. Plusieurs ont l'air climatisé, des terrasses ombragées, des fenêtres latérales panoramiques luxueuses. Louer une de ces embarcations est cher, au moins 150$ par jour, capitaine et cuisinier compris. Cette architecture navale est exceptionnelle car les parois extérieures sont des treillis de joncs serrés aux courbes très esthétiques. De toute beauté. Nous avons pris des dizaines de photos.

À notre retour sur la terre ferme, nous nous sommes rendus à un centre médicinal ayurveda pour un massage limphatique d'une durée d'une heure. Les hommes avec les hommes, les femmes avec les femmes. Tout le corps y passe, allègrement badigeonnés d'huiles végétales thérapeutiques chaudes. Ce sont ces huiles qui donnent les vertus thérapeuthiques à la chose en imprégnant l'épiderme. La clôture de la séance se fait par une douche à l'eau chaude orchestrée par le masseur ou la masseuse. Les détails de ce massage, surtout le mien, se fera de vive voix car ils pourraient paraître "intimes" pour les lecteurs non-avertis.

Le quatorze février à vu notre départ vers Varkala, site balnéaire exceptionnel. Quel belle activité pour célébrer notre vingthuitième anniversaire de rencontre sur l'oreiller.

Depuis notre arrivée au Kerala, on dirait que nous visitons un autre pays... Je pense qu'il doit y avoir une dizaine au moins de pays différents dans cette Inde qui nous charme et nous surprend à tous les jours.

JCSH

Les leçons indiennes

Leçon #1
Le plaisir de voyager est entre autre, de se secouer la cage à puces. Un de ces brassages est celui d'interpréter correctement les signes usuels. Vous connaissez sans doute ces petites poupées rigides que certains placent sur le dessus du tableau de bord de leur voiture. Lorsque celle ci est en marche, la tête de la figurine dodeline, dans un balancement de gauche à droite mais avec une petite rotation vers le bas. Cela vous dit quelque chose? Et bien, ici, tous les indiens font ce geste de négation plus ou moins rapidement dès que vous leur adressez la parole. Un genre de non d'ici mais qui n'en n'est pas un de tout. JC commence à les imiter assez bien. Donc ne jamais croire un indien que vous fait non de la tête. Il vous signifie tout simplement qu'il vous écoute ou est d'accord.

Leçon #2
Lorsque vous arrivez dans un endroit public vide et que vous devez vous choisir une place, que ce soit un resto, une salle d'attente ou un autobus, ici on se met à l'aise, genre choisir un siège à trois places si on est deux, question d'avoir plus d'espace vital. C'est ce que nous avons fait ce matin, en attrapant de justesse l'autobus qui nous menait de Mangalore à Hassan. Erreur! Au deuxième arrêt, le nombre de pasagers a commencé a augmenter. Je me suis vite retrouvée coincée sur le siège du milieu à essayer de ne pas tomber sur le pauvre petit indien qui s'était placé là. Il va sans dire qu'à la première occasion, nous avons déplacé nos pénates sur un siège double, collés, collés. Morale de cette histoire, ne jamais oublier que l'on est en Inde, là où il y a TOUJOURS beaucoup, beaucoup, beaucoup de monde: ici un espace vide est appelé à se remplir incessamment.

Leçon #3
Pour traverser une rue, le même bon vieux principe qui veut que dès qu'il y a un espace de disponible, il faut l'occuper... même si celui ci se retrouve entre deux voitures, deux motocyclettes, deux rickshaws. Peu importe si l'espace que vous avez laissé derrière vous se comble immédiatement de véhicules fonçant à toute allure. De toute façon, si à tout hasard vous vous trouvez dans la trajectoire de l'un d'eux, leurs coups de klaxon vous en avertissent. Le mieux, somme toute, est de vous tenir très très très près d'un indien qui traverse en même temps que vous. S'il est toujours bien vivant aujourd'hui, c'est donc qu'il sait très bien traverser la rue. Aussi, attention, ici on conduit comme en Angleterre, de l'autre côté de la rue!!! Quand vous regardez à gauche, les véhicules arrivent de la droite. Aucune crainte, l'habitude se prend très vite.

Leçon #4
Les vaches, elles sont partout. Pas en grand troupeau comme on est habitué de voir. Une à une, quelque fois deux, occasionnellement trois. Elles circulent librement en plein cœur du trafic urbain. Elles prennent leur bain de soleil sur le terreplein entre les deux voies de circulation, elles marchent en toute liberté entre les voitures stationnées, elles broutent les rares brins d'herbe qui trouvent le courage de pousser. Le soir, elles se stationnent à côté des maisons, comme ici on stationne sa voiture. Elles ne sont à personne et à tout le monde à la fois. Elles sont d'un calme fou. Je soupçonne que ce sont les vapeurs de la pollution des véhicules qui leur font cet effet. Et bien sûr, il y a le gros bœuf qui paccage parmi ses belles. Comme ça, tout simplement.

Leçon #5
Ne pas confondre. En Inde, rares sont les femmes qui ne portent pas le sari traditionnel. Elles sont tellement belles avec ces couleurs chatoyantes et diversifiées. Par contre, lorsque vous apercevez une mini-jupe, soyez certains qu'elle est portée par un homme. Il s'agit du genre de paréo souvent blanc qu'ils mettent et qui descend jusqu'a la cheville, mais parfois il fait si chaud qu'ils les plient jusqu'en haut des genoux.

Leçon #6
Les promenades en rickshaw sont épiques (voir la leçon #2 et #3), et comme ces véhicules sont grand ouvert sur l'extérieur il est fortement recommandé d'avoir avec soi, autour du cou ou autour du cou de sa blonde un foulard ou un châle, permettant aux passagers d'ainsi créer un filtre à monoxyde de carbone en appliquant ledit foulard ou châle sur la bouche et le nez. Cette pratique est surtout recommandée dans les agglomérations à forte densité de véhicules zigzagant tout partout autour de vous.

samedi 11 février 2012

Jour 21


Jour 21              Pour mes amis endeuillés P et R.

Jamais plus
Jamais plus, entendre la musique de ton rire
T'admirer jouer à la maman magnifique
Voir le soleil s'amuser dans tes cheveux
Goûter ta fine cuisine
Jamais plus, toucher ta main
Badiner sur tout et rien
Espérer ton appel
T'affubler de conseils aimants
Jamais plus, sentir le parfum de ton cou
S'enthousiasmer de tes milles projets
Titiller d'orgueil face à tes réussites
S'attrister avec toi de tes amères déceptions

Jamais plus, te serrer dans nos bras aimants
Déposer sur tes joues, ton front, ton cou, une pluie de baisers
Voir le sourire de ton regard
La tendresse de tes gestes
Jamais plus et pour toujours


Depuis que cet anévrisme sournois à éclaté dans ta tête
















Depuis que la vie a fui de ton corps affaissé
Depuis ce matin cruel où ailleurs tu t'es envolée
Aujourd'hui, ensemble nous célébrons ta vie
Nous pleurons ta mort absurde
Nous harnachons notre mémoire
Nous jurons aux étoiles de te garder dans notre cœur
Merci de ces quarante années fidèles
Merci d'avoir été pour nous une enfant de bonheur
Merci de nous avoir donné toutes ces joies
Merci d'avoir été là, et d'y rester pour toujours

Jour 18


Jour 18          Dix kilomètres d'arrière-pays

Merci à Michel Pleau pour m'avoir donné la permission du calque, à Gil Adamson pour son livre À l’aide Jacques Cousteau, à Hazel pour la magie de son regard.

La fraîcheur du matin s'évanouit sous le brûlant soleil de 9 h 30. La nuit à été bonne, le lever précoce, le déjeuner délicieux.

Ils étaient inquiets ces sept serveurs qui n'arrivaient pas à brancher la bonbonne au gaz pour faire cuire les œufs. Tous d'une politesse et d'une serviabilité gênantes, c'est tout juste s'ils ne nous nourrissent pas à la petite cuillère.

Le guide arrive à l'heure, tout endimanché, souliers de ville, pantalon de toile. JC et moi avons l'air de deux grands aventuriers, déguisés que nous sommes dans notre accoutrement de grands marcheurs. On part donc à pied de l'hôtel, montons encore plus haut et plus loin la côte. Le pas est bon, le soleil tape, l'air est rare, je suis vite essoufflée à cette altitude de deux-mille-deux-cent-quarante mètres. Je fais mémé emphysémique.

Une maison-hutte sur le bord du chemin, un vieux monsieur assis devant, on pique vers le bois, en contrebas une femme cueille des feuilles d'eucalyptus séchées, les arbres sont ici aussi très très grands. Nous suivons un sentier bien balisé utilisé par les travailleurs, les marchands, les enfants. Il est désert à cette heure. Ces gens doivent se lever encore plus tôt que moi. Quand je suis debout à la barre du jour, je m'étonne toujours de constater que je ne suis pas la seule personne éveillée. Faut croire que la vie bat son plein, quelle que soit l'heure du jour.

Je ne suis pas comme mon avatar Hazel, celle qui a le talent d'entendre les conversations à travers trois murs. Par contre, je ramasse comme des pissenlits les mille questions qui surgissent dans ma tête et je les pose sans gêne. Ainsi j'apprends toutes sortes de choses sur la vie dans ce coin de la planète. Ce monsieur «guide chic» doit me trouver bien curieuse, mais répond quand même à chacune d'elles.
J'apprends que le thé se cueille aux trois semaines, qu'il y a trois récoltes par été, que les carottes, les radis blancs, les choux-fleurs magnifiques, les patates et les pois, sont cultivés dans cette région, que ces légumes sont généreusement traités aux insecticides et sont voués à l'exportation, que les paysans vivent bien, qu'ils reçoivent vongt kilos de riz par année du gouvernement, qu'il est copain avec le père de la jeune femme qui a été assassinée par son mari chômeur-dépressif, que celui-ci ira en prison pour au moins dix ans, que les effigies suspendues sous le porche des maisons nouvellement construites visent à en éloigner les mauvais esprits, que dans le même ordre d'idées, il y a de peints sur la devanture de tous les camions deux yeux qui servent à les protéger des face à face. Est-ce que j'arrête ou si je continue??? Comme dans la chanson. Je décide quand même d'arrêter, après tout, c'est moi qui décide. Si vous voulez en savoir plus, vous n'avez qu'à venir faire, vous aussi, ces dix kilomètres de marche avec Charles, le guide chic. Nous avons donc marché dans la forêt, sur la route, dans les champs.

Nous sommes arrêtés deux fois dans un petit stand de thé, assisté à deux cérémonies religieuses hindoues avec tambours et danses, pris beaucoup de photos de plantations de thé et de carottes, d'enfants se bousculant pour être immortalisés dans notre caméra, d'une vache aux cornes bleues. J'en ai même vu une, genre Holstein, dont les taches blanches étaient toutes peintes en jaune. Cela lui faisait un beau genre et elle paraissait très coquette.

Je reviens sur ma résolution d'il y a quelques lignes et je vous informe que tous les 25 janvier, c'est la fête des vaches. On les lave, les peint de toutes sortes de couleurs, leur installe une nouvelle cloche et une nouvelle corde aux naseaux et on les nourrit avec de bonnes choses comme du miel et des biscuits. Le reste de l'année, on les laisse se promener librement sur les accotements des routes en espérant que les chauffeurs aient de bons freins.

J'ai beaucoup aimé cette aventure. J'espère que vous aussi. Petite réserve cependant : et si tout ce que notre guide endimanché m'a raconté n'était que bobards... Moi, si je faisais son travail j'aurais beaucoup de peine à résister à la tentation...

Demain, on prend le petit train qui descend pendant quatre heures notre immense et haute montagne. J'espère bien ne pas avoir le vertige. Où alors, il faudra que je me raconte encore tout plein d'histoires pour me faire penser à autre chose et espérer que cela fonctionne.

Merci encore Michel, Gil et Hazel pour votre permission, votre talent et votre magie.

J'allais oublier, voici une petite douceur indienne, tirée de ce dernier roman de Gil Adamson, À l'aide Jacques Cousteau:
« À Bombay, Bishop, jeune homme, s'est appuyé contre le hublot de la cuisine d'un paquebot de luxe, a reposé ses bras fatigués sur une pile de pains de savon et écouté l'étrange vrombissement de la ville. Il l'intriguait, ce son, ni mécanique ni semblable à celui du vent. Il ne ressemblait à rien de ce qu'il avait entendu jusque-là. Et puis son esprit a reconnu des voix humaines, des dizaines de milliers de voix humaines qui, venues des marchés et des rues, se déversaient dans le port, flottaient sur l'eau.»
Que le hasard fait drôlement les choses n'est-ce pas....