jeudi 2 février 2012

Jour 10


Jour 10                     Mémoire de mer

M'y revoici encore, encore et toujours, devant la mer et ses vagues puissantes. Cette fois, c'est celle d'Oman. Toujours aussi magnifique, toujours aussi fascinante, toujours aussi immense. Que ce soit celle-ci ou ses cousines, l'Égée, celle des Caraïbes, ou celle du Nord ou celle de la Thaïlande dont j'oublie le nom, ou encore la presque mer du golfe du Mexique ou ses grands oncles les océans Pacifique et Atlantique, tous et toutes sous le tumulte de leurs vagues fracassantes, déposent à mes pieds ton souvenir fidèle. Quarante années déjà depuis que la gourmande Méditerranée a épuisé ton souffle et t'a restitué inerte, sur la plage d'Annaba. Tu es passé dans ma vie à la vitesse d'une étoile filante. Trois années bien nourries d'amour, de passion, de déchirures, de retrouvailles, de réconciliations, de joies, de projets, de voyages. Dans la folle spirale de nos vingt ans et des années soixante-dix, nous embrassions tous les deux cette liberté fascinante et magique.

J'aurai soixante-cinq ans en juin prochain. Mon fils Max en a vingt-cinq, l'âge que tu avais ce matin du vingt-cinq juin 1972. Si le destin lui faisait faux-bond comme il te l'a fait, je jetterais ma voix à la mer et pour toujours garderais silence.

Voilà pour cette trace indélébile qui survit précieusement dans ma mémoire et qui ressurgit, invariablement fidèle, chaque fois que je me retrouve devant une mer. Salutations chère âme sœur Claude et surtout ne crains pas l'oubli. Je te porte dans ma tête et sur ma peau.
Aujourd'hui, nous sommes donc à la plage Calangute, à quatorze kilomètres de Panjin, dans l'état de Goa. Une plage interminable de sable blond et farineux où s'égrainent à perte de vue les parasols de palmes séchées, les chaises longues coussinées servant de devanture aux restaurants installés en retrait. Les vagues ici sont furieuses. Les sauveteurs vont et viennent dans leur jeep et rappellent au rivage les baigneurs téméraires. Le journal de ce matin faisait état de huit sauvetages dans la région de Goa pour hier seulement. Premier jour de plage dans ce voyage.

Autant nous étions dans l'extrême misère lors de notre visite du «slum» de Mumbai, autant nous nous retrouvons ici dans la nature, les palmiers, la mer. Bien sûr, l'effervescence et le tintamarre ne se lassent pas. Ici, il est tout près dans les rues marchandes menant à la plage. Mais il y a depuis deux jours, des bulles de silence, de verdure, d'air frais.

Hier, nous avons fait une expédition sur l'île de Chorao au sanctuaire d'oiseaux du Dr Salime Ali. Une balade sur la rivière Mandovi dans une embarcation taillée dans un immense tronc d'arbre, une soixantaine de photos prises par mon ornithologue préféré. Ce fut, il va sans dire, une journée merveilleuse.

Par contre, demain sera une tout autre affaire. Départ à
5 h 30 de notre hôtel, train deuxième classe à 7 h 30, cinq heures à vivre sur le mode de la sardine coincée dans une caisse de son, pour enfin arriver à la ville de Mangore sur la côte de l'état du Karnataka.

Comme quoi les journées se suivent et ne se ressemblent vraiment pas!

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