23 janvier 2012
En attendant le train pour Nasik, gare Victoria, Mumbai.
Le trafic
En observant la circulation automobile dans cette ville qui est presque surréaliste, on ne peut s'empêcher d'y voir une certaine loi de la jungle. 50% des voitures sont de petits taxis noirs au toit jaune, minuscules voitures qui sillonnent la ville comme des fourmis le tas de sucre. Le concert de klaksons est ininterrompu, tel un métalangage entre masses de tôle: tasse-toi, j'arrive! Avance plus vite! Attention la vieille ou je t'écrase! Toi aussi le businessman! Un grand coup, deux petits, un très long, insistant...
Chaque centimètre d'espace se remplit illico, de façon goulue, lorsque la lumière passe au vert, c'est le départ du Grand Prix. Ça se coupe et ça se dépasse à qui mieux mieux, comme si chaque seconde était la dernière. Ça brûle les rouge, ça youturne n'importe où, ça fait des gestes aux autres, pas oscènes, juste pour dire de décrisser de là car j'arrive!
Ce qui rend cette circulation encore plus dingue pour nous, c'est que ça conduit à gauche, car le volant est à droite, comme en Angleterre, colonialisme oblige!
Les animaux de Mumbai
Marie a vu un rat, un seul, un gros, mort sur le trottoir. Il doit y en avoir 99 999 autres.
Les chiens se promènent deux par deux, cela semble une règle. Qui oserait les flatter de peur de la gale, de la teigne, des puces ou de quoi d'autre? Ils sont laids. Un seul modèle, ou presque: fauve, le poil court, presque aussi gros qu'un labrador. Ce ne sont pas de petites bêtes. On imagine la morsure. Ils en ont vu d'autres. On ne les approche pas!
Les chats, c'est différent. Plusieurs ont été vus: des petits, des moyens, des gros. De toutes les couleurs. Ils sont bien nourris, en bons chasseurs. En sortant de la zone de recupération de plastique du "slumb" Dharavie, il y en avait un, blanc et gris, qui se l'avait de la patte droite. À l'arrière du crâne béait une plaie sanguignolante et une autre sur le côté droit de la face aussi. Je pense qu'il en avait mangé une maudite!
Les oiseaux sont omniprésents. D'abord les "house crows", gros comme des quizcales ou petits corbeaux, très beaux, avec l'encolure et la poitrine grise. Ils se tiennent par bandes et croassent sans arrêt, faisant ainsi concurrence aux klaksons. Des corbeaux, un peu plus petits que les nôtres, se voient beaucoup, surtout le long des voies ferrées. Les bons vieux pigeons bizets sont partout, surtout sur le bord de notre fenêtre où ils roucoulent régulièrement ou sous les corniches. Il s'agit certainement de l'oiseau le plus universel. Ce qu'il y a de plus surprenant, ce sont ces rapaces énormes, un type d'aigle que je n'ai pas encore réussi à identifier. Ils planent au-dessus de la ville, sans cesse. Ils se posent sur un building, comme hier soir, à la brunante, sur le toit de l'hôtel, pour dévorer leur butin, de belles bêtes, mais pas mal moins romantiques que celles des escarpements et des falaises perdus au fond de nos forêts. Surprise, hier, à la même heure, une horde de perroquets verts à envahi les environs, pleins d'arbres soit dit en passant, en volant de leur façon si caractéristique, battant des ailes très rapidement et lançant à la volée leurs cris à nasillards et hystériques, à la belle épouvante. Leur longue queue les difféncie de ceux du Costa Rica, de même que leur taille, ici beaucoup plus gros. J'oubliais cette apparition, à la brunante: sur la terrasse de notre hôtel Godwin, neuvième étage, a traversé paresseusement une énorme chauve-souris dont l'envergure de quarante centimètres était surprenante.
Mumbai, la mégalopole de seize millions de personnes, serrées et besogneuses, mais de combien de millions d'animaux, aussi serrés que besogneux?
Quelques jours après avoir rédigé ces quelques mots sur les animaux, il faut ajouter deux autre paragraphes. Le premier concerne les chèvres. Dans les villes plus petites que nous avons traversé, les chèvres apparaissent régulièrement, un peu comme des chiens. Elles sont libres, semblent rester dans un territoire connu seul d'elles. Elle bouffent surtout des vidanges que l'on semble répandre au sol expressément pour leur nourriture.
Et comment ne pas parler des fameuses vaches! Sacrées ou non, elles sont là. Elles errent dans les villes, sur le trottoir, dans les rues, sur les plate-bandes ou encore le terre-plein entre les deux voies d'un boulevard. Elles mangent à peu près n'importe quoi, surtout des vidanges... Avec les chèvres on pourrait les appeler les éboueurs. On dit vaches, mais aussi il y a des bœufs et j'ai même vu un taureau digne d'une corrida. Les règles concernant les bovins me sont encore nébuleuses. J'ai vu plein de vaches dans les campagnes, ne sont-elles pas aussi sacrées? Par contre, les charrettes ancestrales ne sont tirées que par des bœufs. Le yogourt et le lait que l'on peut avoir avec nos repas proviennent-ils d'une espèce de vache jugée non-sacrée? Pas évident...
jcsh
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire