dimanche 26 février 2012

Jour 37


Jour 37                    Udaipur la belle

Qu'est-ce donc qui la rend si séduisante. Elle porte en elle un pouvoir subtil qui me procure un sentiment de bonheur. Ici, je suis heureuse. Ici je me sens bien.

Est-ce ce grand lac Pichola qui frissonne à mes pieds? Notre petit guest house est planté sur la rive ouest, face à la vieille ville. Comme avec un grand nombre de cours d'eau, les femmes y font leur lavage, les hommes leurs ablutions. Deux Indiens passent leur journée à draguer son fond pour y cueillir de longues et fines algues qui l'assiègent. Un petit pont piétonnier relie les deux rives. Un tourniquet à chaque extrémité barre la route aux rickshaws, mais en gardant aux vaches leurs privilèges habituels. Un sculpteur de pierre à savon et un mendiant unijambiste qui nous promet un bon karma s'y sont installés en permanence. Le soleil vient tout juste de se pointer l'oeil au-dessus du grand palais et sa lumière s'étire jusqu'à ma couche. JC tente de dormir encore un peu. Le battement régulier d'une lavandière rythme le matin qui s'installe, vainqueur.

Définir la séduction lorsqu'on en est l'objet n'est pas chose facile et cela dépend du genre de séduction, j'en conviens. La séduction amoureuse m'est bien connue.

Mon pouls qui s'énerve, mes jambes qui ramollissent, ma tête qui s'égare, mon regard qui cherche ses repères, l'obsession qui s’installe, l'attente qui torture et, finalement, la fusion tant du corps que du coeur qui soude pour l'éternité d'un moment, mon âme jadis errante avec sa sœur qui l'était tout autant.

La séduction d'une ville est plus douce, plus subtile, mais tout aussi certaine. Elle s'installe au creux de mon ventre et y dépose un sentiment de détente. Ma respiration se fait plus lente, plus profonde. Mon regard devient curieux et capte et savoure mille découvertes. Il se fixe sur les couleurs, les personnes, les objets et s'y repose. Rien ne presse. Le temps prend ses aises et refuse la bousculade.

Les bruits, les murmures, les chants, les palabres et les roucoulements des pigeons émergent de la cacophonie ambiante et réclament leur droit de cité. J'aime et je savoure. Je découvre avec fascination le marionnettiste et sa collection fabuleuse, le musée du Grand Palais et ses salles richissimes, les feux d'artifice qui taquinent les étoiles, la nuit qui s'installe.

Mais tout cela était hier. Ce matin, la douche m'attend, le petit-déjeuner aussi et la découverte de tant de merveilles encore. J'y accours, mais doucement bien sûr.

2 commentaires:

  1. merci de nous dé-crire ce que vos yeux voient : les couleurs se rendent jusqu'ici, ici qui est plus blanc que blanc après la belle bordée de neige d'hier...
    marie L

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  2. ces couleurs orgiaques m'aveuglent.

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